La nutrition personnalisée n’est plus seulement une niche onéreuse & ésotérique
Les progrès technologiques et un focus accru sur la santé dopent la croissance
Dénicher les futurs gagnants dans cet secteur n’est cependant pas chose aisée
À l’entame de cette nouvelle année, nul doute que nombre des résolutions prises visent un mode de vie plus sain – et pas juste pour se débarrasser des kilos superflus de Noël ! La pandémie a rappelé l’importance de l’alimentation pour la santé globale, alors même que les avancées scientifiques et technologiques élargissent le champ des solutions nutritionnelles personnalisées. Il n’y a pas de formule magique en matière de régimes. Tous ceux vantés au fil des ans, avec plus ou moins de popularité, négligent un fait essentiel : chaque corps réagit différemment à un apport alimentaire donné, en fonction des habitudes nutritionnelles/de sommeil/d’exercice et – comme on comprend de mieux en mieux – des 100’000 milliards de microbes colonisant son intestin (ou microbiome). Dans le sillage de travaux marquants menés en 2015 par des chercheurs israéliens, qui ont mis au point un algorithme basé sur l’intelligence artificielle capable de prédire la réaction d’un individu à un aliment, le nombre d’entreprises vantant des conseils nutritionnels sur mesure a explosé. Proposer une offre de produits ou compléments alimentaires personnalisés implique, tout d’abord, d’élargir les critères sur lesquels elle repose. Données démographiques tout d’abord, complétées par des questionnaires individuels, voire par des tests sanguins, urinaires ou capillaires et, dans la forme la plus avancée, par des analyses génétiques ou microbiologiques. L’autre axe concerne la solution proprement dite : une combinaison personnalisée de produits de masse ou – de manière plus poussée – des produits spécifiquement élaborés pour un individu donné. L’intérêt est particulièrement marqué chez les Millenials et la Génération X (rejoints d’ailleurs aussi par les Babyboomers) et dans les pays où les consommateurs acceptent mieux de partager leurs données personnelles avec des entreprises privées.
A souligner qu’il s’agit là, à en croire une étude Euromonitor de 2021, de la Chine, de l’Inde et des États-Unis, l’Europe occidentale étant à la traîne. Du point de vue de l’investissement, comme d’ailleurs celui du consommateur, le défi consiste à distinguer promesses et réalité d’aujourd’hui. Les scientifiques rappellent que bien des aspects restent à déchiffrer, notamment s’agissant de l’influence de l’alimentation sur le microbiome. Et certains segments de l’industrie (comme les tests de laboratoire directement vendus aux consommateurs ou les compléments alimentaires) restent insuffisamment réglementés. A ce stade, nous aurions tendance à nous concentrer sur les « facilitateurs », c’est-à-dire des entreprises telles que DSM, Kerry Group ou Ajinomoto qui développent des ingrédients nutritionnels issus de la fermentation, plutôt que sur les « distributeurs finaux ». In fine, l’ambition des 425+ entreprises déjà actives dans ce domaine, dont de nombreuses start-ups, n’est rien de moins que d’éradiquer certaines des grandes maladies de notre époque – tout en promouvant une alimentation plus respectueuse de l’environnement. De fait, nous assistons à une convergence des secteurs de la santé et de la consommation, ce qui explique probablement pourquoi l’actuel PDG de Nestlé est un vétéran de l’industrie pharmaceutique. Ou pourquoi Abbott incorpore de plus en plus de protéines de lactosérum dans ses produits de nutrition pour personnes âgées afin de lutter contre l’ostéoporose. En parlant de grandes maladies, certains spécialistes prédisent que la résistance antimicrobienne deviendra la première cause de mortalité d’ici 2050. La santé intestinale est donc appelée à gagner en importance, et avec elle, la nécessité d’une meilleure alimentation, plus personnalisée.
Ecrit par Alexander Roose, Head of Equities, Co-Lead PM of DECALIA Sustainable SOCIETY